Epicentre

Franck Gérard

du au

EXPOSITION EPICENTRE DE FRANCK GÉRARD,
JUSQU’AU 15 SEPTEMBRE 2021, GALERIE DES JOURS DE LUNE, METZ
PUIS À PARTIR DU 15 SEPTEMBRE AUX ARCHIVES DE LA VILLE DE METZ
COMMISSARIAT : VIVIANE ZENNER
par Laurence Gossart

Pour la première fois, l’ensemble des images qui composent Epicentre est donné à voir à tous, une initiative que nous devons à l’énergique et pertinente Viviane Zenner de la galerie des jours de Lune. L’objet de cette commande consistait à documenter la construction en 2009 du tout nouveau musée dans cette ville du grand Est. C’est donc libre, sous l’impulsion de Laurent Le Bon, à l’époque directeur de Pompidou Metz, que le photographe répondit à cette commande publique.

« Parachuté », comme l’écrit Franck Gérard, c’est d’abord par l’errance, la promenade, les prélèvements de moments, de détails qu’il s’appropriait cette ville qui lui était jusque là inconnue. Dans ses cheminements, il constata que les deux édifices qui surplombaient la ville étaient la cathédrale et le centre Pompidou en devenir. Ainsi, visitant l’imposant édifice religieux, le photographe s’attachait aux sculptures en pied des différents saints dont, à sa façon, il transposait les effigies dans ses photographies.

Placé en miroir de la ville ancienne, le centre Pompidou fait contrepoint à celle-ci. Epicentre, titre de l’ensemble de photographies, déplace le centre de la ville, historique et dense, pour le ramener vers des plaines aux lignes en devenir et dont les stratifications temporelles s’esquissent à peine. Pourtant, c’est bien une fourmilière géante qui s’anime là. Mais, l’architecture s’est effacée, réduite à un mur blanc, blanc teinté de bien nombreuses nuances au gré de l’évolution de la lumière et qui s’accessoirise de scotch, plastique de protection, porte-manteaux ou encore armoire. Seules les silhouettes des hommes et femmes ayant participé à la concrétisation de ce projet sont présentées. Ce sont ceux qui disparaissent en effet, les invus, ou plutôt, les gêneurs, ceux qui font du bruit, qui gênent la circulation, mais ceux qui érigent. Qui se rappelle les figures des tailleurs de pierres et charpentiers derrière les masses élégantes de la cathédrale Saint-Etienne ? Seules quelques traces ou symboles inscrits au détour d’une pierre, d’un angle ou d’une figure, laissent deviner et rendent pérennes les présences humaines des bâtisseurs de cathédrales. Alors pour les 10 ans, ce sont des visages, des corps, des attitudes saisis par Franck Gérard qui resurgissent. On a envie de scruter au plus près toutes ces images, de les comparer, de les commenter. Elles nous font rire, elles sont tendres pourtant le cadre dans lequel chacun est photographié est loin de jouer du décorum arrangeant. Bien au contraire, c’est la sobriété qui donne envie de s’approcher. Des thématiques comme des organisations chromatiques structurent l’ensemble qui se déroule d’une ligne sur les murs de la galerie et les êtres oscillent d’une image l’autre. Ainsi, écrit Franck Gérard, encore ému à la redécouverte de ces images : « Je vous offre à voir aujourd’hui, pour la première fois, ces 420 visages, ces 369 images qui, pour moi, ont scellé le destin d’un musée magnifique… »