M/ONDES

Aux dires de l'ombre, aux silences du fragment - Hannah De Corte, Surya Ibrahim, Roxane Métayer, Matthieu Marre et Julia Lebrao

du au

Notre univers est fait de mondes multiples, souvent mal connus, entre lesquels circulent, invisibles, des ondes. Elles en sont les émanations secrètes, à rendre apparentes, les messages discrets, à tenter de déchiffrer, des bribes de leur essence, de leur silence. Elles recèlent dans leur fluide, leur fluidité, des fragments de l’âme de leurs mondes d’origine, et les transmettent à d’autres, dont celui où résident temporairement, temporellement, notre conscience, nos perceptions. Dans ces interstices, dans ces entre-mondes, les artistes tendent leurs antennes, se mettent en recherche, captent le fugitif, les accords ou leur accord intime entre ou avec ces vibrations. Ainsi, ils peuvent composer des oeuvres qui manifestent l’indistinct, le propagent, le mettent à portée de nos sens.
Pointillé au feutre, frémissant d’ondes qui en soulignent l’ordre, les irrégularités, le monde de la toile nue se fait visible, et sa trame passe du statut de support à celui d’oeuvre, chez Hannah De Corte.
Certains mondes cachés, rêvés, oubliés, les dessins, images et objets sculptés de Roxane Métayer les évoquent, les content, les rapportent dans le nôtre, peut-être tout aussi fictif. Dès lors, leurs traces ont des ondes plein leur encre, leur savon, leur cire, leurs sons naturels, pris sur le vif.
Les dessins, photographies et projections sur de longs draps plissés de Matthieu Marre et Julia Lebrao Sendra sont autant d’indices, d’éclats d’un récit mythique, seul apte à frôler le réel, de par sa nature microcosmique et sa parole organique.
Partant de langages divers (braille, morse, numérique) extraits, abstraits de la chair du monde, Surya Ibrahim donne formes plastiques à leurs codes, à leurs ondes singulières. Ses sculptures en bois et ses installations, leurs relations, interrogent la force sémantique, les limites de ces intermédiaires.

Alain Renoy